jeogo

Bienvenue à Arnaques-City !

www.esbussigny.ch
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J’ai reçu cet email (que j’ai copié-collé sans modification de l’original) intitulé : j’ai besoin de ton aide s’il te plait !

« Bonjour
Comment vas-tu ? J’espère que tu vas bien car moi je suis présentement à Londres pour une mission, j’en ai au maximum pour 5 jours mais, je t’écris ce mail non seulement pour prendre de tes nouvelles mais aussi solliciter ton aide car je suis présentement dans un problème urgent je me suis fait voler ma valise à l’aéroport. J’avais dans la valise l’enveloppe contenant l’argent de mon séjour ainsi que mon téléphone portable que j’avais rangé dans une poche de la valise et voilà que je me retrouve sans liquidité je suis logé dans un hôtel ou je dois pour deux jours. La somme pour m’acheter mon billet pour mon retour a été volée, alors que j’‘avais payé seulement que mon aller. J’aimerais te demander de bien vouloir m’aider et me faire parvenir la somme de 1.400 € par western union.
Si tu fais le transfert envoie tous les références et le bordereau de transfert WESTERN UNION par émail dans ma boite. Mais surtout ne t’inquiète pas une fois rentré je te rembourserai. C’est un prêt.
Merci d’avance et que Dieu te bénisse
. »

Ce courriel m’a été adressé par quelqu’un qui a piraté le compte d’un de mes amis et s’est  fait passer pour lui pour me soutirer de l’argent; bref une tentative d’arnaque.

Des arnaques sur Internet que j’appelle ici arnaques-city, il  y en a  de tout genre, et quelles que soient les techniques employées, elles visent généralement un même objectif : l’argent

Voici d’autres exemples tirés directement de ma boîte électronique (copié-collé, en les conservant à l’original) :

« Bien Aimée, en Jésus christ, de nos jours, les prières valent du temps ; beaucoup plus précieux que l’or et le diamant. Vous seriez présentement en train de surmonter de durs moments, mais sachez que le seigneur est prêt à vous bénir sur un Chemin, c’est-à-dire dans des situations où lui seul peut vous aider à y Garder foi… »

Qui croirait en lisant ces quelques lignes à une lettre d’appât d’arnaqueurs ? Pourtant c’est le cas.

La suite :

« …Je m’excuse pour cette intrusion, je me nomme DOMINIQUE BURDY
Géraldine née le 08 Octobre 1963 originaire de la France… J’ai dû vous contacté de cette sorte parce que je souhaite faire une chose très importante. …Cela vous semblera un peu suspect bien vrai que vous ne me connaissez pas et que je ne vous connais pas. En fait, Je souffre d’un cancer du cerveau qui est en phase terminale…Je suis veuve et je n’ai plus d’enfant ; car j’ai perdus mon époux et notre seul fils car un accident. Je suis hospitalisée à LONDRES en Angleterre à l’adresse:
639 Harrow Road Kensal Green…J’envisage de faire une donation de tous mes biens. J’ai presque vendu mes affaires dont une compagnie pétrolière, une partie de tout cet argent sera versée à différentes associations, … Je ne sais pas dans quel domaine d’activité vous exercez mais je souhaiterais vous aider a aider les autres. J’ai en ce moment dans mon compte personnel compte bloquer, la somme de 250.000,00 € (Deux Cent Cinquante Mille Euros) que j’avais garde pour un projet de construction. Je serai grée de vous donner cet argent qui pourra vous aider dans votre entreprise et vos projets, je vous prie d’accepter cela car c’est un don que je vous fais et cela sans rien demander en retour…je ne veux pas mourir sans avoir fait don de tout cet argent sinon je pense que cela serait un gâchis. Veuillez me répondre directement via mon adresse E-mail le plus utilisé qui est: burdydominiquegeraldine@yahoo.ca
N’oublier pas de me laisse votre numéro et là si j’ai l’autorisation de mon docteur je vais vous appelle merci
NB: Je vous rappelles de m’écrire prochainement sur cette adresse:
burdydominiquegeraldine@yahoo.ca
Que la Paix et la miséricorde de Dieu soient avec vous.
Mme DOMINIQUE
Bien aimé »

 « Salut mon correspondant
Suite une recherche faite sur le net que je suis arrivé à extrait votre mail parmi tant d’autres. Je suis de la nationalité Canadienne, Infirmière en Imagerie Médicale en tant que Membre Administratrice d’une organisation normée ACPD en tant que Secrétaire de Direction. Je m’appelle 
LINA BREM , Je suis une chrétienne évangéliste j’ai 28 ans actuellement je suis à Londres pour un stage Je vous ai écris ce message dans le seul but de correspondre avec vous et d’y arrivé à une rencontre sérieuse. Je vous pris de me répondre dans mon adresse Yahoo:linabrem@yahoo.com
pour me confirmer votre acception… Amicalement ».
 

« Nous vous informons que votre adresse mail a été tirée au sort à la loterie MICROSOFT CORPORATION alors vous avez gagné une somme de 250.000 EUROS. Veuillez donc contacter Maître OUATTARA MAMADOU pour la démarche à suivre afin de rentrer en possession de votre gain de 250.000 EUROS.

E-mail: me.ouattaramamadou@hotmail.fr
SITE INTERNET: cabinetouattara.jimdo.com                

Contact Téléphonique: 00225 67 56 09 67 

Pour plus d’informations veuillez prendre connaissance de la pièce jointe.JE VOUS FAIS PARVENIR LES COORDONNÉES DE QUELQUES LAURÉATS DU PRÉCEDENT TIRAGE…

IMPORTANT : Nous vous prions de garder confidentiellement cette bonne nouvelle. Ne pas divulguer les informations de votre gain à une tiers personne jusqu’à ce que vous soyez en possession totale de vos fonds, afin d’éviter éventuel désagrément. »

Un gérant d’un cybercafé à Lomé m’a confié : « tu vois ces gars, ils ne vont pas au cyber pour s’amuser; ils ne travaillent pas à la Banque, mais ils peuvent gagner largement au-dessus du salaire mensuel du Directeur la BTCI. En une journée, ils peuvent devenir millionnaires, et quand ça arrive, ils jettent leur carte SIM et disparaissent pendant quelques semaines, ni vu ni connu»

 Les arnaqueurs sur Internet, sont de nos jours originaires d’un peu partout et on ne le dit pas souvent mais, ils ciblent tout le monde, sans exception. Pour eux, le Web est une ville globalisée et sans frontière.

Donc soyons vigilants !!!


Ces drames qui me révoltent en Afrique !

Photo aérienne du Joola, lors de son naufrage ,le 27 Septembre 2002. AFP
Photo aérienne du Joola, lors de son naufrage ,le 27 Septembre 2002.
AFP

Mon grand- père est décédé il y a quelques années, fauché par un automobiliste. Amené à l’hôpital, gravement blessé, il a été laissé sur une civière en attendant son tour au bloc opératoire. Il rendit l’âme quelques heures après, faute de soins.

En l’apprenant, le petit collégien togolais que j’étais, fut inconsolable.

Ces drames  sont légion au Togo et  en Afrique. Et on se console souvent en disant « c’est la volonté de Dieu »

Par ici, nos gens meurent un peu de tout; on meurt du paludisme, du Sida, de faim, d’une simple diarrhée, de petites infections.  Les gens décèdent par manque de soins et aussi parce que les hôpitaux ne disposent pas d’assez de blocs opératoires.

On meurt, victime du mépris de nos gouvernants : lorsqu’ils préfèrent financer des campagnes électorales étrangères, et acheter des armes au lieu de financer les soins de santé. Ils aiment mieux s’enrichir et enrichir des banques étrangères que d’améliorer le quotidien de  leurs concitoyens.

Impuissants devant ces drames et rongés par la douleur, nous, simples gens d’Afrique nous refugions dans la fatalité. Car avec elle l’insupportable devient tolérable :

C’est ainsi que l’incendit d’un camion-citerne qui fait plus de 85 morts au Nigéria, devient une banalité ; «  ça arrive souvent, c’est notre quotidien », on pleure et on oublie.

Une explosion de munition tue et détruit des habitations au Congo Brazzaville ; personne ne rend des comptes. Après tout, c’est normal, c’est l’Afrique.

Il y a quelques mois, un canadien posa cette question à l’africain fraichement débarqué que j’étais :

-Connais-tu le Titanic ?

-Oui !

-Ce fut un drame hein ? J’en pleure chaque fois que je vois le film

-Je lui demandai alors : Et toi connais-tu le Joola ?

-Non c’est quoi ?

-C’est un Ferry sénégalais qui a sombré au large de la Gambie en 2002; et ça a fait plus de morts que le Titanic (un peu énervé).

Mon ami n’avait pas tort de ne pas connaître la tragédie du Joola, lui qui habite à des milliers de kilomètres. Pourtant, nous, africains (la majorité) n’en avons aucune idée. Car en parler ou la commenter signifie pour beaucoup, perdre son temps dans des histoires qui n’intéressent pas grand monde. Ils oublient que parler des choses et les raconter, revient à ne pas les subir.

Quant à moi, lorsque  je pense au Joola et à toutes ces tragédies quotidiennes qui nous entourent,  je suis révolté.

 

 


Le patriotisme à la togolaise

photo:www.togoone.com
photo:www.togoone.com

Quand je dis aux gens : « mon pays n’est pas une démocratie, nos  gouvernants sont  experts en fraudes électorales,… » Ça les choquent. Et j’entends ça : « quel est ton sens du patriotisme ? »

Pourtant je suis togolais ; et « je ne dénigre pas mon pays, je le défends »

Pour nos gouvernants, un citoyen patriote doit «  rester dans les rangs », fermer sa gueule, être docile ou ils l’encouragent à « la togolaise » à le faire. C’est ça la politique gouvernementale dans mon pays depuis des décennies.

Ils nous ont   imposé au Togo, ce que j’appellerai « patriotisme contrôlé » ; en résumé : «  je vois mais, je n’entends pas, je ne parle pas. »

« Je ne me mêle plus de ça ; ce n’est pas mon problème ; qu’est-ce que je gagne à aller manifester, après tout personne ne me connait moi ;  si jamais je me fais arrêter, personne ne viendra à mon aide ; je ne me mêle plus de ça hein » : Voilà comment nous togolais, avons longtemps enduré les injustices sans rouspéter, accepter les humiliations sans réagir.

Ainsi, tous ceux qui racontent notre pays avec vérité, sincérité et courage sont mal vus, vilipendés, considérés comme des ennemis. Pourtant en quoi est-ce un crime de refuser de subir les choses, de redessiner un rêve, celui de son pays ?

Quant à moi, je suis peiné de voir que les choses ne changent pas dans mon pays.

Mais je suis sûr d’une chose : ni le titre ni les décorations ne font le patriote !

 

 

 

 

 

 

 

 


La règle du Bakchich aux frontières

Certains agents à l’aéroport de Lomé ne connaissent qu’un langage : l’argent, celui du bakchich.

 Ce sont  les plus serviables au monde, sourire aux lèvres pour l’étranger qui arrive ou qui part; faire bonne impression pour que ce dernier daigne revenir ; l’hospitalité.

Pour l’agent typique, payer un bakchich  est une obligation pour le voyageur. C’est pour cela  qu’il fait semblant d’ignorer les quelques anomalies sur le passeport et les bagages du Yovo (Blanc).D’habitude, il  prend son billet discrètement, avec une main à moitié ouverte, les yeux à 180 degrés  et le visage tourné vers une autre direction, pour être sûr que personne ne regarde; pourtant cette routine est connue de tous, à Lomé.

Ensuite, il  glisse le billet dans sa poche sans avoir eu le temps de connaître sa valeur. Quelques minutes après, il le sort pour enfin savoir. Quand c’est un Franc cfa et de surcroit un billet froissé de 1000 francs, son regard s’assombrit, car 1000  Fcfa ça part vite à Lomé où les prix montent sans que les salaires ne suivent. Le prochain qui passera de son côté paiera le prix fort, surtout si c’est un compatriote.

Une autre manière, le billet est mis dans le passeport avant d’être remis à l’agent. Et quand il l’ouvre, il découvre son présent, et le met dans la poche; « ni vu, ni connu ».

Le jack pot, c’est l’Euro, normal, la parité est plus avantageuse. Et là son expression faciale est différente ; «  un bon voyage » sincère accompagne le voyageur.

En gros, le bakchich est de règle; c’est cela, le vrai bon de sortie ou d’entrée. Et c’est pire  aux frontières terrestres. Que ceux qui parlent de libre circulation au sein de la CEDEAO, aillent faire un tour à la frontière d’Aflao (Togo /Ghana); ils sauront que le vrai passeport c’est l’argent. Et chaque camp, des deux bords de la frontière, en tire un profit hebdomadaire important aux dépends de la population. Nos dirigeants le savent, mais ne font rien, rabâcheurs qu’ils sont.

Et chaque fois que, j’ai eu l’occasion de passer cette frontière, c’est toujours la même rengaine.

Le leitmotiv est clair pour eux : qui ne paie pas, ne passe pas.

 Le jour de mon départ pour Montréal, j’ai fait cette expérience amère :

Mon vol était prévu pour Quatre heures du matin; l’heure idéale pour fausser compagnie aux amateurs de pots de vin. Enfin c’est ce que je pensais.

Une fois l’enregistrement  (incluant la pesée de mes bagages) fait, j’arrivai devant un genre de petit couloir barré qui mène à la salle d’embarcation. À côté, deux agents assis au guichet; le premier, un chauve en civil, surement le chef, l’autre en uniforme de je ne sais quelle unité, perdu dans ses pensées.

-« Passeport ! », me demanda le type en civil

Ce que je lui remis avant même qu’il eut terminé de prononcer le mot.

Il le fouilla, refouilla, et refouilla encore, puis leva un regard déçu vers moi

– « Donc vous nous quittez ! Ok ». Il prit une torche, l’alluma et la pointa sur le visa, avec un air de joaillier vérifiant  la pureté d’un diamant. Pendant ce temps  son collègue, me regardait fixement.

L’autre, terminant, son «  travail d’expert », referma le passeport, et commença à me regarder à son tour, après avoir échangé un petit regard avec son collègue. J’avais donc deux regards sur moi, braqués en silence pendant près d’une minute.

Et là  j’entendais deux noms, dont le mien être appelés (les retardataires).

« Écarte –toi! » :Lança l’agent chauve quand il vit un touriste, un français  par son accent, arriver.L’homme donna son passeport, qu’on lui remit instantanément après y avoir tamponné un bon de  sortie. Puis il disparut derrière la porte menant à la salle d’embarcation.

-« Mon frère, tu veux voyager non ? » me demanda l’agent chauve.

– Bien sûr ! 

-Vraiment ? alors fait ce qu’il faut !

-Faire quoi ? Rétorquai-je

-Tu ne sais pas ? Reste- là !

Puis ils se retournèrent pour parler entre eux, comme si je n’existais pas.

Je comprenais très bien, ce qu’ils voulaient c’était de l’argent. Mais pour moi, il n’était pas question de leur donner le moindre centime.

-« Désolé chef, je n’ai rien sur moi », en montrant mon portemonnaie vide et en tapotant les poches de mon jean .C’était vrai, je n’avais plus de FCFA, mais j’avais bien au fond de ma poche gauche une enveloppe contenant  quelques dollars canadiens.

« Dernier appel, pour monsieur …. ».Là les choses s’accéléraient; j’allais rater mon avion et les conséquences seraient désastreuses .Il me fallait prendre une décision, et vite; car j’étais acculé, j’étais seul, personne ne pouvait m’aider, et connaissant mes compatriotes  en uniformes, ils  feraient tout pour me retenir. Ce n’était pas le moment de leur tenir tête; ils pourraient prétexter n’importe quoi pour me faire rater mon avion; une anomalie dans mon passeport, par exemple.

 Je glissai la main dans ma poche, entrouvris l’enveloppe d’un doigt, et tirai un billet, priant que ce soit un 10 dollars, et  ce fut le cas. Je le leur tendis en les regardant fixement pour me remémorer leurs deux visages de rapaces. Alors il me remit mon passeport, avec un sourire victorieux.

Je me précipitai dans la salle d’embarcation où on fouilla mon sac à dos rapidement ; là deux autres m’attendaient,  deux gars armés,  avec le même refrain : « donnes quelque chose ».

-« Écoutez, je n’ai plus d’argent, et je n’ai plus le temps, j’ai donné tout ce que j’avais à vos deux collègues au guichet ! »

-« Bon passe, mais la prochaine fois, rappelle-t’en ! » Comme si je leur devais quelque chose.

Je fus le dernier à rentrer dans le bus, qui partit à vive allure sur le tarmac. En rentrant dans l’avion, une hôtesse avec un  grand sourire m’accueillit; une de ces filles Coca cola qu’on rencontre dans les avions; cela fit fondre toute ma colère. Mais, je ressentais une profonde amertume.

Quand l’avion décolla, je me fis une promesse, plus jamais je ne cèderai au chantage de ces hommes en uniformes.

Quelques heures plus tard, arrivé à Casablanca où  je devais changer de vol pour Montréal, je connus une mésaventure presque similaire, en vidant mes poches avant de passer le portique de sécurité.

Alors, je me suis dit : cette pratique de bakchich, d’intimidation et d’extorsion n’a pas de frontière. Moi, j’ai cédé à ce chantage , et je la dénonce ; ceux qui s’y refusent, livrent un bien  meilleur combat!


En Afrique, un président est mort !!!

John Atta Mills (Photo : jolome.com)

Pour une de ces rares fois, c’est vraiment triste d’apprendre le décès d’un président.

John Evans Atta Mills, président du Ghana, élu seulement en 2009, est décédé subitement le 24 juillet 2012.

Il ne faisait pas partie du club grandement ouvert des présidents mal élus ; président jusqu’à la mort, même tragique (l’exemple de Kadhafi le démontre). Pas assassiné non plus, comme Olympio, Sankara

Souvent on prie pour que Dieu nous débarrasse de nos dirigeants, dictateurs,          démon-crates qui s’accrochent  au pouvoir par dessus tout ; en martelant à qui veut l’entendre : « c’est Dieu qui donne le pouvoir, c’est à lui de le reprendre ». Ainsi Ils passent 5, 10, 20, 30 ans au pouvoir en faisant voler en éclats la barre du nombre de  mandat maximum par des tripatouillages.

Notre seul espoir de changement devient alors l’intervention Divine. Nous prions pour que Mère Nature agisse. Et même si c’est mauvais de vouloir la mort de quelqu’un, on le souhaite , pour enfin vivre, jouir d’une liberté qu’on ne voit qu’à la télévision.

Au Togo, je me rappelle bien de ce samedi 5 février 2005. Sceptique à propos des rumeurs (les on-dit de Lomé), en revenant de l’université, je m’étais précipité sur un poste radio déjà branché sur Rfi , attendant impatiemment une confirmation. À 18 h 30, la nouvelle tomba : «Le général Gnassingbé Eyadéma est mort». C’est un peu plus tard que la télévision d’État l’annonça, en parlant de véritable catastrophe nationale.

Cette nouvelle, contrairement au Gouvernement, s’est transformée en une réjouissance silencieuse dans le peuple, pour tous ceux qui rêvaient d’un autre Togo; une délivrance. Le visage des gens reflétait une joie. On a pleuré et ri, ivres de ce futur glorieux qui se profilait à l’horizon. 38 ans de « démon-cratie », c’était trop.

Le Ghana, est un pays frère; envié par nous, togolais, pour ses élections libres et transparentes. C’est aussi un refuge en temps de rafles et violences militaires.

Le décès de John Atta Mills est une tragédie. Le continent africain, vient de perdre un démocrate.


Le Bac au Togo : Impossible d’avoir 20,71 de moyenne !

« Impossible n’est pas togolais » : avons-nous l’habitude de dire à Lomé , mais quelques fois l’exception fait la règle.

J’ai appris qu’en France, beaucoup d’étudiants ont eu une moyenne supérieure à 20 au baccalauréat , notamment la meilleure qui a obtenu 20,71 ; bravo, il faut le faire!

Des surdoués, il y en a partout; et au Togo, il en a beaucoup, même si les difficultés finissent par avoir raison d’eux au fil des ans; ne bénéficiant pas de soutien de l’État.

 Les examens académiques au Togo ne sont jamais pris à la légère. On a hérité du système français, mais la rigueur, on se l’est inculquée nous-mêmes. Les examens togolais sont réputés pour leur caractère embarrassant. Notre système éducatif est comme ça. Il y a tellement de paliers, qu’arriver au baccalauréat que nous appelons ici le Bac 2 (baccalauréat deuxième partie),  est un parcours de combattant.

Attention, vous connaissez le Bac 1 (baccalauréat première partie) ou  Probatoire? C’est aussi une réalité à Togo; et c’est un bon entonnoir pour les autorités; un véritable filtre. En gros, c’est un autre examen académique, on le passe en classe de Première, ceux qui le réussissent, passent en Terminal et donc le Baccalauréat l’année suivante. Je peux vous assurer que ça fait des victimes, laisse plein d’élèves  sur le carreau; et des fois plus que le Bac 2 lui-même. Beaucoup de personnes ont dû abandonner leurs études à cause de ce «  foutu Bac 1 qui n’est même pas reconnu au-delà du Togo» – comme ils le disent- un bourbier presque incontournable, qu’ils passent deux, trois, quatre fois sans succès avant d’y renoncer, pour les moins persévérants.

Les autorités du pays ne peuvent faire face à un afflux de nouveaux bacheliers, donc ça les arrange. Il faut le dire, l’université est un autre bourbier, avec cette nouvelle trouvaille qu’est « le LMD à la togolaise ». « On ne veut pas d’un examen sans intérêt ou d’un diplôme déprécié, c’est ce qui fait notre réputation dans la sous-région » : ai-je souvent entendu.

Déjà, avoir 18 de moyenne est un exploit qui n’est pas donné à tout le monde (sauf, pour les petits princes qui n’ont même pas à passer l’examen; admis d’office !) .Vous pouvez trouver tout juste, mais une virgule de moins vous coûtera des points, et les matières facultatives ne pourront pas vous aider.

Il y a quelques années, beaucoup d’élèves togolais, partaient faire la classe de Première au Bénin voisin et revenaient au pays, un relevé de note en main, manière de contourner « l’obstacle » Bac 1 pour passer directement en Terminale. Certains passaient tout simplement les deux baccalauréats (Togo et Bénin), espérant soit le grand chelem ou la consolation d’en réussir un. Les autorités académiques, y avaient trouvé une parade : s’arranger avec les voisins béninois pour que les deux examens se tiennent les mêmes dates.

79,3% de réussite au baccalauréat général (en France) ne risque pas de se passer ici. Ce serait une catastrophe démographique dans nos universités; et je n’ai pas la mémoire qu’il y ait déjà eu 60% de taux de réussite (global) au Togo. Celui de 2011 était de 49,21%, un record depuis 1992 ; un taux pareil provoquerait la consternation en France.

 « Le jour où les poules auront des dents », et où il y aura assez de places pour s’assoir dans les amphithéâtres universitaires, nous verrons de tels taux de réussite au Togo.

Au moment où je mets en ligne ce billet, les résultats du Baccalauréat 2012 au Togo ne sont pas encore connus. Que la réussite soit avec tous les candidats !!!

Photo:www.pa-lunion.com


Quand mon Togo va mal, expatrié, je suis angoissé !

 

 

Il n’y a rien plus déprimant pour un expatrié, après des semaines passées loin de tout, à chercher des solutions aux problèmes qu’il n’a pas causés (billet à venir), de voir que son pays connait encore des violences (officiellement déclarées).

Il faut le dire, manifestations et répressions vont de pair à Lomé; depuis deux ans, c’est rentré dans les habitudes hebdomadaires.

Très anxieux, la première chose à laquelle on pense, c’est la famille. J’ai donc appelé la mienne à Lomé, qui m’a rassuré à moitié. Ils ont l’habitude, pour ne pas m’inquiéter, d’éviter de donner des détails.

J’ai donc appelé un ami qui m’a livré ces commentaires :

« Man ça chauffe ici: le collectif sauvons le Togo, constitué de quelques partis (OBUT, ANC, PSR, ADDI, LTDH, les Avocats, PRR, CAR, etc…) avec comme président le Prof. Ajavon Zeus et vice-président le Maître Kpande Adjare, président de la LTDH, ont organisé une marche de protestation contre la Loi votée par les députés à propos des élections législatives sur la répartition des sièges…comme d’habitude les marches se sont terminées par des gaz lacrymogènes, des coups de matraques. Mais hier ce fut plus chaud…Tous les militants de la marche sont restés éveillés à Décon et (deux quartiers populaires de Lomé) jusqu’au petit matin comme le mouvement du printemps des égyptiens et tunisiens; Décon est devenu la place Tahir des Togolais. Nos gars pensent trop à  François Hollande ».

Loin de tout, je restais quand même inquiet, mais aussi fier des gens là-bas; ce qu’ils vivent n’est pas facile. J’ai donc essayé de dormir, pour faire passer le mal de tête qui m’assommait, tout en imaginant les rues de Lomé, avec ses barricades, et des pneus enflammés comme en 2005; ces jeunes civils chomeurs,désespérés par l’avenir qui se profile à l’horizon , cailloux à la main, jouant au chat et à la souris  avec les forces du pouvoir, entrainées et  équipées de tout un arsenal de répression.

Puis, mon téléphone sonna, c’était un de mes bons amis, expatrié aux États-Unis.

-Allo! Es-tu au courant de ce qui se passe au pays ?

-Oui mais, je n’ai pas tous les détails. Je viens d’appeler mes parents, et ils vont bien. Et les tiens?

-Ça va. Sauf que j’ai essayé de joindre notre ami kodjo, et je suis tombé sur une voix étrange.

-Comment ça ?

Vous êtes au niveau de la gendarmerie nationale ! m’a-t-on dit. Paniqué, j’ai immédiatement  raccroché le téléphone. Ces gens-là peuvent s’imaginer plein de choses. Je n’ai pas besoin de ça en ce moment.

Notre ami kodjo s’est-il fait arrêter en assistant à la manifestation ? Nous décidâmes  alors de  rappeler Lomé le lendemain matin pour comprendre. Il était déjà plus d’une heure du matin au Togo.

Cette nouvelle me mit  en colère, aggravant ma migraine, qui refusait de passer, malgré les deux comprimés de Tylénol que j’avais pris. Ne pouvant plus dormir, je me résolus d’aller marcher un peu; respirer de l’air frais, m’apaiserait, l’été n’était pas loin et il faisait beau. Une heure de marche durant laquelle je me demandai si tous ces sacrifices finiraient un jour par porter fruit; serais-je là pour voir mon pays devenir enfin la meilleure démocratie du monde?

Le lendemain matin, après une nuit blanche, j’appelle mon ami de la veille. Bonne nouvelle, il avait réussi à joindre kodjo à Lomé. Ce dernier, lui affirma qu’il n’a pas été arrêté, et qu’il allait bien. Il n’a même pas pris part aux manifestations.

Serait-ce une erreur de l’opérateur téléphonique ou autre chose ?

En tout cas, ce ne fut pas une angoisse pour rien; et des gens se sont faits arrêter  arbitrairement.