Les réformes à la togolaise

Les réformes à la togolaise

 

Parler de réformes, c’est parler de problématiques et d’imperfections criantes qui nécessitent des changements positifs. Le problème avec les réformes est qu’un camp ne les veut pas vraiment ou du moins sans rien avoir en retour, car en gros, le statu quo l’arrange; un autre camp les désire et les veut désespérément parce que ça l’arrange aussi. Et il y a au milieu de tout ça, la population, qui n’a pas nécessairement la maîtrise de ces enjeux politiques; la seule chose qu’on lui dit et lui répète, c’est juste « Réformes ».

Vois-tu , au Togo, le mot « Réformes » nous place dans un  univers parallèle au Togo de 2017 où le temps de réalisation ne se compte plus en jours ou en mois comme je l’avais mentionné dans un billet précédent, mais en années, dizaines d’années. Pour en comprendre l’ampleur, il suffit de partir faire le tour du monde en marchant. Sois rassuré(e), lorsque tu reviendras au Togo, tu n’aurais rien manqué : les réformes t’attendront.

Vois-tu, l’actuel président est au pouvoir depuis 2005, et le mot « réformes » apparait quotidiennement depuis au moins 12 ans dans ses discours. Les médias publics en sont obsédés. Bref, c’est le mot le plus populaire (pour de bonnes et de mauvaises raisons) dans la classe politique, même si ça penche plus d’un bord que de l’autre. Ces douze dernières années, ce mot, merci, a même dépassé « dialogue » dans le panthéon politique togolais.

Vois-tu, l’un des enjeux principaux de cette histoire de réformes, surtout constitutionnelles, est la question de la limitation du nombre de mandats présidentiels consécutifs, en gros ramener les choses à la normal en passant de mandats illimités à seulement deux.

Vois-tu, chez nous, à l’époque où le mot « dialogue » dominait le panthéon politique sans, comme d’habitude, rien apporter de positif, c’est-à-dire avant 2005, grâce à une modification constitutionnelle – qui a fait école depuis, sur le continent – le président de notre république peut se représenter autant de fois qu’il le souhaite; sans surprise, il le souhaite toujours. Le parti au pouvoir, majoritaire au parlement, veut qu’un traitement particulier soit accordé au président actuel, qui, je le répète, en est à son troisième mandat qui prendra fin en 2020. Ce traitement est qu’on remette son ardoise à Zéro, et donc qu’après 15 années au pouvoir, il puisse briguer deux autres nouveaux consécutifs. Au total, une possibilité de faire un quart de siècle, et qui sait, attaquer le demi- siècle ?

Tu dois aussi savoir que  le fauteuil présidentiel togolais est une affaire de records de Guinness.

Vois-tu, dans notre pays, nous avons des élections qui se déroulent et finissent toujours avec des problèmes; nous trainons un système judiciaire largement défaillant. Nous assistons à des détournements non voilés de fonds publics; nous facilitons un endettement du pays galopant avec des prêts qui ne servent pas à améliorer la vie de nos populations. Chez nous, le clientélisme est à la mode. Nous avons aussi, un chômage endémique (surtout chez les jeunes, qui sont, aujourd’hui, désespérés d’aller voir ailleurs), un système de santé alarmant avec des hôpitaux sous-équipés, un peuple résigné avec une fatalité atteignant une proportion exponentielle. Tous ces maux et une multitude d’autres, sont des symptômes d’un pays malade qui a besoin de soins intensifs, et parler de réformes sans en faire, gagner du temps, ou appliquer des mesures qui aggraveront les choses, ne peuvent soigner notre pays.

Vois-tu, les réformes nécessitent plusieurs conditions, notamment la bonne foi, la bonne volonté et la recherche de l’intérêt général. Malheureusement, dans notre pays, il y a toujours, et comme d’habitude, un manque criant de ces éléments.

Vois-tu, nous devons garder à l’esprit que « l’impossible n’est pas togolais ».

Que les réformes positives, qui améliorent les choses et apportent la démocratie… soient avec nous.

 

Kéèdèèè!

 

 

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