Présidentielle française : espoir ou désintérêt

Présidentielle française : espoir ou désintérêt

 

 

 

 

«La France était pour moi, ce rêve, qui me permettait, malgré le chômage, la galère, de me lever de bonne heure, d’enfourcher ma moto et de parcourir les rues  poussiéreuses de Lomé, transportant mes clients d’un bout à l’autre…». Tels sont les mots d’un de mes amis dans un échange téléphonique.

L’élection présidentielle de 2012 en France ne suscite plus le même intérêt chez moi, dans mon pays, comme par le passé. Je me rappelle que la campagne électorale, les débats, qui se tenaient à des milliers de kilomètres de chez nous, suscitaient beaucoup de commentaires. Aujourd’hui, il y a très peu d’échanges, de débats houleux lors des cours d’histoires ou autres dans les collèges et lycées. Plus de discussions passionnées  entre Zémidjans , qui pendant leur pause stationnaient près des baraques de ventes de journaux en train de scruter la moindre phrase donnant l’un ou l’autre camp gagnant. Non plus rien, aucune passion.

Au Togo où chaque élection est source d’énormes tensions et de violences, on avait toujours admiré ce qui se passait de mieux ailleurs, chez l’ancien colonisateur français.

C’était une élection qui suscitait de l’espoir, espérant qu’un changement à la tête de l’État français, changerait la politique à l’égard de nos pays.

C’était pour nous très important de savoir à l’heure convenue le nom du nouveau président de la république française. Le jour du vote, nous restions les oreilles collées à nos postes de radio captant Rfi; certaines télévisions privées nous proposaient l’évènement en direct pour ne rien rater. Nous votions avec les français, pas avec  des bulletins de vote, mais avec le cœur, ce qui n’avait aucune incidence sur les résultats.

Nous souhaitions que la Gauche gagne, ou que le candidat de Droite s’impose, selon la position et les antécédents de chacun des  camps, par rapport à notre pays.

On suivait avec admiration le premier discours du président élu, sondant le moindre mot faisant référence à notre pays. Mais rien ne se passe; des mois passent, des années, le président  français termine son mandat, et un autre est élu; le statu quo demeure chez nous, pas d’alternance, pas de changement. Nous sommes toujours dans cette situation où on est acculé, asphyxié, toujours cette complaisance vis-à-vis de nos dirigeants, toujours à féliciter le perdant des urnes  mais maintenu, à avaliser des élections dénuées de toute transparence.

Tout cela suscitait beaucoup d’incompréhension, de détresse, de  colère en nous. Ça ne nous consolait pas  d’entendre : «le président de France, élu par les français, ne défend que les intérêts de son pays, arrêtez de croire qu’il viendra changer les choses à votre place».

Cette immense déception, croissante d’année en année était devenue insupportable, et il a fallu l’amputer comme un pied gangréné.

Malgré tout continua mon ami, et  le fait que mes frères soient montrés du doigt comme un problème en France, en dépit des mallettes de la Françafrique démentie mais connu de tous, etc, je continuerai à supporter les bleus, je garderai ce poster géant de la tour Eiffel dans ma chambre, je ne renierai pas mon rêve, et je continuerai par aimer la France et les français».

Que cette élection présidentielle en France  ouvre enfin cette nouvelle ère tant attendue.

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