Quand mon Togo va mal, expatrié, je suis angoissé !

20 juin 2012

Quand mon Togo va mal, expatrié, je suis angoissé !

 

 

Il n’y a rien plus déprimant pour un expatrié, après des semaines passées loin de tout, à chercher des solutions aux problèmes qu’il n’a pas causés (billet à venir), de voir que son pays connait encore des violences (officiellement déclarées).

Il faut le dire, manifestations et répressions vont de pair à Lomé; depuis deux ans, c’est rentré dans les habitudes hebdomadaires.

Très anxieux, la première chose à laquelle on pense, c’est la famille. J’ai donc appelé la mienne à Lomé, qui m’a rassuré à moitié. Ils ont l’habitude, pour ne pas m’inquiéter, d’éviter de donner des détails.

J’ai donc appelé un ami qui m’a livré ces commentaires :

« Man ça chauffe ici: le collectif sauvons le Togo, constitué de quelques partis (OBUT, ANC, PSR, ADDI, LTDH, les Avocats, PRR, CAR, etc…) avec comme président le Prof. Ajavon Zeus et vice-président le Maître Kpande Adjare, président de la LTDH, ont organisé une marche de protestation contre la Loi votée par les députés à propos des élections législatives sur la répartition des sièges…comme d’habitude les marches se sont terminées par des gaz lacrymogènes, des coups de matraques. Mais hier ce fut plus chaud…Tous les militants de la marche sont restés éveillés à Décon et (deux quartiers populaires de Lomé) jusqu’au petit matin comme le mouvement du printemps des égyptiens et tunisiens; Décon est devenu la place Tahir des Togolais. Nos gars pensent trop à  François Hollande ».

Loin de tout, je restais quand même inquiet, mais aussi fier des gens là-bas; ce qu’ils vivent n’est pas facile. J’ai donc essayé de dormir, pour faire passer le mal de tête qui m’assommait, tout en imaginant les rues de Lomé, avec ses barricades, et des pneus enflammés comme en 2005; ces jeunes civils chomeurs,désespérés par l’avenir qui se profile à l’horizon , cailloux à la main, jouant au chat et à la souris  avec les forces du pouvoir, entrainées et  équipées de tout un arsenal de répression.

Puis, mon téléphone sonna, c’était un de mes bons amis, expatrié aux États-Unis.

-Allo! Es-tu au courant de ce qui se passe au pays ?

-Oui mais, je n’ai pas tous les détails. Je viens d’appeler mes parents, et ils vont bien. Et les tiens?

-Ça va. Sauf que j’ai essayé de joindre notre ami kodjo, et je suis tombé sur une voix étrange.

-Comment ça ?

Vous êtes au niveau de la gendarmerie nationale ! m’a-t-on dit. Paniqué, j’ai immédiatement  raccroché le téléphone. Ces gens-là peuvent s’imaginer plein de choses. Je n’ai pas besoin de ça en ce moment.

Notre ami kodjo s’est-il fait arrêter en assistant à la manifestation ? Nous décidâmes  alors de  rappeler Lomé le lendemain matin pour comprendre. Il était déjà plus d’une heure du matin au Togo.

Cette nouvelle me mit  en colère, aggravant ma migraine, qui refusait de passer, malgré les deux comprimés de Tylénol que j’avais pris. Ne pouvant plus dormir, je me résolus d’aller marcher un peu; respirer de l’air frais, m’apaiserait, l’été n’était pas loin et il faisait beau. Une heure de marche durant laquelle je me demandai si tous ces sacrifices finiraient un jour par porter fruit; serais-je là pour voir mon pays devenir enfin la meilleure démocratie du monde?

Le lendemain matin, après une nuit blanche, j’appelle mon ami de la veille. Bonne nouvelle, il avait réussi à joindre kodjo à Lomé. Ce dernier, lui affirma qu’il n’a pas été arrêté, et qu’il allait bien. Il n’a même pas pris part aux manifestations.

Serait-ce une erreur de l’opérateur téléphonique ou autre chose ?

En tout cas, ce ne fut pas une angoisse pour rien; et des gens se sont faits arrêter  arbitrairement.

Partagez

Commentaires