La place du téléphone portable au Togo
Au Togo, le téléphone portable n’est plus l’apanage d’une seule classe spécifique, d’un sexe ou d’une tranche d’âge. Aujourd’hui, tout le monde l’utilise : jeune lycéen/étudiant, adulte, et même les gens du troisième âge même si la plupart du temps, ils ne savent pas trop comment ça marche.
J’ai demandé à quelques personnes pourquoi elles utilisent le téléphone portable :
– Ma grand-mère (qui n’a plus une très bonne vision) : « même si je me trompe généralement de boutons pour décrocher, raccrocher ou lancer un appel, je pense que ça vaut la peine de l’avoir, car il me permet d’avoir des nouvelles de mes enfants et petits-enfants où qu’ils soient et quand je le veux ; vraiment, c’est extraordinaire !!! ».
– Yed (agent de Banque) : « c’est comme les chaussures qu’on porte chaque jour ou les vêtements. Je le consulte presque toutes les 10 minutes. Ca facilite la drague, on est joignable à tout moment. En gros il rend le monde petit ».
– Kangni (agent de banque) : « place prépondérante qui me permet d’effectuer mes activités extra professionnelles .Le téléphone est devenu mon second moyen de transport pour mes affaires aux heures de service ».
– André (homme d’affaire) : « c’est un outil indispensable pour mes affaires ; grâce à ça, je suis en contact permanent avec mes clients. Je passe énormément de temps au téléphone ».
– Essi (revendeuse de pagnes) : « je donne toujours mon numéro portable à mes clients ou vice versa ; par ce biais, je les contacte lorsque j’ai de nouveaux produits. C’est bon pour les affaires ».
– Kossi (chômeur) : « je dépose souvent des demandes d’emplois, et grâce à mon téléphone portable, je peux être joignable au cas où une société voudrait m’offrir du travail ».
En effet, une grande majorité de personne possède un téléphone portable ; si vous n’en avez pas, vous êtes injoignable car le téléphone fixe n’est pas trop pratique lorsqu’on se déplace ; et tout le monde n’en a pas les moyens.
L’un de mes amis est resté injoignable, lorsque la licence du seul opérateur privé au Togo a été suspendue pendant plusieurs mois ; d’autres personnes abonnées à ce réseau ont été obligées d’acheter la carte SIM de l’autre opérateur (public) pour rester joignable. Même dans les villages reculés, il y a toujours quelqu’un possède un téléphone portable même s’il est obligé d’aller dans les zones couvertes par les réseaux pour pouvoir appeler ou recevoir.
Il est partout !!!
Celui qui ne possède pas de téléphone portable, surtout à Lomé est traité « d’arriéré » car on peut en trouver pour son prix, du moins cher d’occasion au haut de gamme tout neuf et très cher .Même le fameux Blackberry (copie ou original)a fait son apparition depuis cette année .
Autour du téléphone portable, se sont développés des activités à valeurs ajoutées non négligeables (la vente de kits et de cartes de recharges,les ventes de portables, les réparations de portables) à part les emplois directs crées par les deux opérateurs de téléphonies mobiles du Togo ( Moov et Togocel ).
Depuis quelques temps, un nouveau service est disponible : celui de l’Internet mobile que personnellement j’utiliser de plus en plus, lorsque je n’ai le temps d’aller au cyber café, ou lorsqu’il est fermé, et surtout quand je voyage ; c’est assez pratique pour lire ses mails.
Néanmoins du chemin reste à faire dans ce domaine. « […] le fossé entre les pays avancés et les retardataires (Cameroun, Gabon, Angola, Togo, Djibouti) ira en grandissant en 2010 » met en garde Russel Southwood, PDG de Balancing Act, Cabinet d’études spécialisé dans les Télécoms. (Jeune Afrique N° 2557 du 10 au 16 Janvier 2010)
Le coût de communication mobile est le plus chèr de la sous région, à point que lorsque nous appelons quelqu’un nous avons le doigt sur le bouton « raccrocher » pour couper le plus rapidement possible, ;l’appel à l’étranger n’est pas fameux non plus. Lorsque je veux appeler l’étranger, je suis obligé d’aller téléphoner à la frontière Ghanéenne (grâce à la carte SIM d’un opérateur ghanéen, dont la communication est largement moins chère).
Le téléphone mobile est parfois à l’origine de conflit à Lomé ; j’ai été en effet personnellement témoin d’un fait divers :
Le 29 Novembre 2010 vers 10 h 30, je pris un taxi après avoir fait un retrait d’argent dans une banque de la place (en vue d’un voyage que je devais faire dans l’après- midi.
Nous étions deux passagers (J’étais assis à coté du chauffeur, et une vielle dame à l’arrière). Environ dix minutes après, le taxi s’arrêta pour prendre un autre passager (jeune d’environ 25 ans). Au moment de redémarrer, le chauffeur me dit qu’il pense reconnaître un homme descendant d’un Zémidjan (taxi moto) qui venait de s’arrêter à environ 7 mètres. Il sortit du taxi pour appeler le gars qui cherchait à traverser la chaussée ; puis il commença par crier en direction du gars qui (ayant sans doute remarqué le taximan) renonça à traverser la chaussée, accéléra ses pas, puis commença par courir à petits trots. Le taximan le poursuivit et le rattrapa 30 à 40 mètres plus loin, puis le ramena au taxi ; Le taximan me demanda d’aller m’asseoir à l’arrière et fit monter le gars à l’avant. Nous voyant tous étonnés de la scène qui venait de se passer, le chauffeur nous dit : « cet homme m’a volé mon téléphone portable dans mon taxi, il y a quelques semaines ». Il redémarra, et nous raconta toute l’histoire en route.
Le gars aussi donna sa version. En fait, c’était comme si nous étions des jurés à un procès, le taximan était le demandeur, le gars le défendeur, et le taxi faisait office de tribunal. Et tout portait à croire que le suspect était coupable, car pourquoi voulait-il fuir lorsque le chauffeur l’interpella ?
Je fus le dernier des passagers à descendre ; j’aurais bien aimé connaître la fin mais le temps me manquait. Le taximan m’affirma qu’il conduira le gars au poste de police pour régler définitivement l’affaire. Je les vis encore qui continuaient leur dispute lorsque la voiture s’ébranla.
Imaginez la suite…
[photo de www.paricite.org/…/portable-b5fc9.jpg ]
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